Tocqueville, De la Démocratie en Amérique : petit résumé ?

En 1831Alexis de Tocqueville, magistrat, digne représentant de la noblesse normande, entreprend un voyage aux Etats-Unis pour enquêter sur le système carcéral américain. Arrivé à New-York en mai, il passa dix mois en voyageant à travers les États-Unis, observant non seulement les prisons, mais aussi plusieurs aspects de la société américaine, y compris l’économie et la politique. Cette démarche lui permettra de faire une analyse de la société américaine. En réalité, ceci n’est qu’un prétexte pour s’intéresser à la démocratie. Celle-ci s’annonçant comme inéluctable, il cherche en elle ses avantages et inconvénients.

De cette façon, il visera à dégager des caractéristiques propres à la démocratie américaine pour mieux la comparer avec la démocratie française. Il explique sa démarche dans une lettre qu’il adresse à son cousin en 1834. Tocqueville défend la liberté individuelle et l’égalité en politique, les deux concepts étant à son sens indissociables. Il défend la démocratie tout en identifiant les risques de dérive qui lui sont inhérents. Tocqueville souligne notamment l’évolution possible de la démocratie vers une dictature de la majorité au nom de l’égalité, et, à ce titre, rejette nettement toute orientation socialiste. Il insiste aussi sur le rôle fondamental des corps intermédiaires et la décentralisation des pouvoirs. Il identifie enfin le fait que la démocratie peut favoriser, par perte du lien social, les comportements individualistes contraires aux intérêts de la société dans son ensemble. Tocqueville est l’une des plus grandes références de la philosophie politique libérale. Son approche est totalement originale, passant d’une philosophie normative qui prévalait chez les Classiques (Montesquieu, Rousseau ou les Grecs) à une approche descriptive et clinique de la démocratie. Son approche doit d’ailleurs beaucoup à la philosophie de Machiavel, dont elle se rapproche beaucoup.

II/ Présentation du projet de l’œuvre

De la démocratie en Amérique est avant tout une analyse sur la démocratie représentative républicaine, et ses formes particulières aux États-Unis. L’œuvre se divise en deux tomes distincts, publiés l’une en 1835, l’autre en 1840. En dehors de leur chronologie, les deux tomes se distinguent surtout par leurs thèmes. Le premier tome est une analyse descriptive de la démocratie aux États-Unis. Il traite de l’impulsion que le mouvement démocratique donne à la forme du gouvernement, aux lois et à la vie politique – c’est-à-dire à la démocratie comme structure politique. Le second tome est une réflexion sur les formes particulières de la démocratie américaine. Cette réflexion s’élargit à des considérations générales sur la démocratie, notamment le risque de tyrannie de la majorité.

III/Analyse de l’œuvre

Chapitre 1 : Comment on peut dire rigoureusement qu’aux Etats-Unis c’est le peuple qui gouverne

D’abord, en Amérique le peuple joue un rôle majeur puisque c’est lui qui nomme celui qui fait et exécute la loi c’est à dire ses représentants directs (système représentatif). La souveraineté du peuple est donc privilégiée. Afin de les nommer, les citoyens vont avoir recours aux partis.

Chapitre 2 :

*Des partis aux Etats Unis

Tocqueville dénote une différence entre les partis et les nations. Tandis que les partis ne sont pas d’accord sur les principes généraux du gouvernement, les nations distinctes représentent les différentes factions d’un même peuple. Somme toute, les partis sont un « mal inhérent aux gouvernements libres » nous dit l’auteur. Les partis varient selon les époques et leurs tailles. On peut distinguer les gros partis (qui s’attachent aux principes, aux généralités, aux convictions réelles et passions généreuses dans le but de l’intérêt public) et les petits partis (sans foi politique, ni but politique et qui rassemblent peu de moyens). En Amérique, les grands partis n’existent plus mais lui ont permis de gagner en bonheur au détriment de la moralité.

A la fin de la guerre d’indépendance, la nation se divise entre ceux qui souhaitent étendre le pouvoir populaire et ceux qui veulent le restreindre. On ne distingue pas de violence mais cela touche à des intérêts immatériels de premier ordre : l’amour de l’égalité et de l’indépendance suggérant de violentes passions. Ainsi, on voit émerger deux grands courants : ceux en faveur de la restriction du pouvoir populaire : les fédéralistes et ceux qui font de la liberté le cœur de leur pensée : les républicains. L’Amérique étant la terre de la démocratie, les fédéralistes sont de fait en minorité mais conservent une puissance morale. En effet, en 1801, Thomas Jefferson, républicain populaire, prend le pouvoir, provoquant ainsi la division des fédéralistes. Cela dit, on notera qu’un grand nombre de principes fédéralistes se sont immiscés au sein des républicains.

Aujourd’hui, il n’existe pas de partis qui s’attaquent à la forme actuelle du gouvernement – ceux qui menacent l’union reposent sur des intérêts matériels. Ces intérêts constituent des nations rivales plutôt que des partis. Le peuple formant un tout, l’opinion publique se fractionne sur des questions de détails : pas de haine religieuse ni de haine de classe.

Les hommes politiques aux États-Unis cherchent d’abord à discerner leur intérêt, puis ils déterminent quels sont les intérêts analogues au leur pour enfin chercher une doctrine ou un principe applicable à la tête d’une association.

Même si les deux partis ne font pas le même usage de la puissance publique, ils partagent un point commun : celui des passions démocratiques ou aristocratiques qui forment le point sensible et l’âme.

*Des restes du parti aristocratique aux Etats-Unis

De nos jours, les classes aisées se maintiennent hors des affaires politiques. Effectivement, la richesse apparait comme défavorable et elle est même un obstacle pour parvenir au pouvoir. De facto, les riches vont former une société particulière au sein de l’État avec des goûts et des jouissances à part. Dès lors, ils vont flatter le gouvernement républicain et les formes démocratiques alors ce que sont ses opposants. Ce dégout envers les institutions démocratiques du pays vient de leur crainte à propos du pouvoir du peuple. Par conséquent, les deux grandes armes des partis sont les journaux et les associations.

Chapitre 3 

*De la liberté de la presse aux Etats-Unis

Tocqueville paraît très hostile envers la liberté de la presse. Non seulement, celle-ci joue sur les opinions politiques et celles des hommes, mais elle modifie les lois et les mœurs. Tocqueville affirme la complexité à trouver ce que l’on pourrait appeler un juste milieu. Afin de mettre en lumière cet enjeu, voire ce paradoxe, il prend plusieurs exemples. Lorsque les écrivains sont livrés à des magistrats, les juges sont obligés de les entendre avant de les condamner : ce que l’on craint d’avouer dans le livre, on le proclame dans le plaidoyer : « les tribunaux arrêtent le corps, mais pas l’âme ». La pensée est une puissance matérielle qui s’accroit par le nombre de leurs agents. De ce constat, il faudrait donc détruire la liberté de parler au même titre que celle d’écrire. Retour à la case départ : on incarne dès lors la position d’un despote. Dans pays où règne la souveraineté du peuple, la censure est non seulement un danger mais aussi une grande absurdité – toute personne ayant droit à gouverner la société doit pouvoir apprécier les faits dont la connaissance peut le guider et lui reconnaitre la capacité de choisir entre les différentes opinions qui agitent ses contemporains. De ce point de vue, la souveraineté du peuple et la liberté de la presse sont corrélatives.

Pour Tocqueville, la presse périodique dispose de ses instincts et de ses passions, indépendamment des circonstances au sein desquelles elle s’inscrit. L’Amérique en est un exemple car l’instabilité de l’état social n’est pas la cause de la violence de la presse.

Les Américains font usage de la souveraineté du peuple. Pour eux, attaquer les lois existantes n’est pas criminel tant que l’on n’use pas de violence. Ils pensent que les tribunaux sont des organes impuissants pour modérer la presse.

Il faudrait, pour agir efficacement sur la presse, trouver un tribunal qui soit à la fois dévoué à l’ordre existant et qui se place au-dessus de l’opinion publique. Mais, ceci constitue une perte de temps, car il serait maitre absolu de la société, et pourrait se débarrasser des écrivains. Au final, cette contradiction apparente est insolvable. En somme, dans la presse il n’y a pas d’équilibre entre la servitude et la licence.

Cette puissance des journaux en Amérique tient à plusieurs causes. La liberté d’écrire en est une. En Amérique, les journaux n’ont pas de capitale, il n’y a pas de centralisation ; c’est à dire que les rayons de l’intelligence ne partent pas d’un centre commun mais s’y croisent dans tous les sens. Tocqueville ne comprend pas que les partisans officiels de l’ordre établi croient atténuer l’action de la presse en la concentrant. Il n’y pas d’unité d’action au niveau de la presse. Cette division des forces de la presse fait que « les journaux ne peuvent pas déborder ou soulever les puissantes digues » nous dit l’auteur. C’est à travers la presse que les hommes politiques s’expriment, formulent le symbole des partis. La presse périodique constitue la première puissance après le peuple. La puissance des journaux est particulièrement marquée par le fait que la presse laisse croire fermement, sans réfléchir, et change chaque jour l’objet de leurs croyances irréfléchies. L’instinct de l’homme fait qu’il croit car il adopte sans approfondir.

Chapitre 4

*De l’association politique aux Etats-Unis

Les individus font usage des associations car ils ne font confiance qu’à eux-mêmes (regard inquiet sur l’autorité sociale). Ils s’associent dans des buts de sécurité publique, de commerce et d’industrie, de morale et de religion. L’association a plus de puissance que la presse. Celle-ci forme des collèges électoraux qui nomment des mandataires qui les représentent dans une assemblée centrale. Il s’agit d’un système représentatif appliqué à un parti conférant une apparence de nationalité qui s’ajoute à une puissance morale. En Amérique, cette liberté de s’associer dans des buts politiques est illimitée. Il est important que noter que cette liberté d’association est une garantie nécessaire contre la tyrannie de la majorité. Cette omnipotence de la majorité est un grand péril pour les républiques américaines. Les associations permettent ainsi d’empêcher le despotisme des partis ou l’arbitraire du prince (avec un état social démocratique). Tocqueville pointe néanmoins le risque que ces associations peuvent faire courir à la démocratie : ne peuvent-elles faire peser le poids du groupe sur le particulier ? Il faut garder à l’esprit que le but des associations est de diriger les opinions et non de les contraindre, de conseiller la loi, non de la faire. En Amérique, la liberté d’association est illimitée, ce qui présente un danger, celui de l’anarchie, mais permet d’éviter le risque de l’établissement de sociétés secrètes : il y a des factieux, mais point de conspirateurs. Comparativement à l’Europe, ce droit d’association se conçoit différemment aux États-Unis. Tout d’abord, les citoyens qui forment la minorité s’associent, pour constater leur nombre et affaiblir ainsi l’empire moral de la majorité. Le but étant de découvrir les arguments les plus propices à faire pression sur la majorité : ils ont toujours l’espérance d’attirer à eux cette majorité et de disposer du pouvoir en son nom. Ce droit d’association est sans limite car les opinions ne diffèrent que par des nuances. En Amérique, l’association forme une minorité dans la nation. On constate un gouvernement civil au sein d’une association avec l’idée d’une indépendance individuelle : les hommes marchent vers le même but mais pas forcément par la même voie.

Chapitre 5 : du gouvernement de la démocratie en Amérique

Le peuple domine sans obstacles. Les États de l’union font usage du vote universel.

*Des choix du peuple et des instincts de la démocratie américaine dans ses choix

Pour Tocqueville, aux États-Unis il y a peu de mérite parmi les gouvernants mais beaucoup dans les gouvernés car les hommes remarquables sont rarement appelés aux fonctions publiques. La démocratie a dépassé ses anciennes limites. En effet, on distingue une limite intellectuelle (on ne peut pas forcer les hommes à s’instruire malgré les moyens mis en place). En somme, les institutions démocratiques réveillent et flattent la passion de l’égalité sans pouvoir jamais la satisfaire entièrement. Cette égalité parfaite s’échappe tous les jours des mains du peuple au moment où il croit la saisir : il fuit. Le fait que les classes inférieures cherchent à écarter les classes supérieures du pouvoir est un instinct démocratique. Aux États-Unis, le peuple n’a pas de haine envers les classes élevées de la société mais préfère les tenir en dehors du pouvoir. Les instincts de la démocratie résident dans le fait d’écarter les hommes distingués du pouvoir. Ainsi, le vote universel n’est pas une garantie de la pertinence des choix, c’est une illusion.

*Des causes qui peuvent corriger en partie ces instincts de la démocratie

On constate des disparités d’ordre intellectuel et moral au sein des états de l’union. Il existe certains états où l’instruction est moins répandue (morale, religion, liberté). Alors que les mœurs assurent sur le long terme le maintien de la démocratie aux puisque dès son origine les européens ont amenés avec eux des habitudes de liberté, d’égalité et d’intelligence permettant le développement de ce régime. Cela s’illustre notamment par la différence d’enracinement des mœurs dans le pays, plus ancrées à l’Est qu’à l’Ouest, et induisant un gouvernement plus stable à l’Est. Dès lors, des lois démocratiques sont mises en place pour corriger ces instincts « dangereux » de la démocratie. Il existe deux salles représentatives : d’une part celle des représentants à Washington qui comprend le peuple, et d’autre part le Sénat composés d’hommes éclairés. Se dessine alors un véritable contraste, alors qu’elles sont le produit du vote universel. On ne trouve qu’une seule explication : l’élection qui produit la chambre des représentants est directe alors que celle du Sénat se fait en 2 degrés. Ce double degré électoral est un moyen de mettre l’usage de la liberté politique à la portée de toutes les classes du peuple.

*Influence qu’a exercée la démocratie américaine sur les lois électorales

Aux États-Unis les élections se succèdent dans les affaires publiques conférant une versatilité continuelle des lois électorales (mutabilité singulière dans la législation).

*Des fonctionnaires publics sous l’empire de la démocratie américaine

« Aux yeux de la démocratie, le gouvernement n’est pas un bien mais un mal nécessaire » pour Tocqueville. Ce dernier est admiratif du fait que l’allure naturelle du gouvernement de la démocratie s’attache à la fonction plus qu’au fonctionnaire, à l’homme plus qu’aux signes extérieurs de la puissance.

En Amérique, on constate une absence complète de fonctions gratuites, ceci s’explique par l’emprise absolue qu’exerce la démocratie. Ce sont des gens modérés dans leurs désirs qui s’engagent en politique. Les grands talents s’en écartent afin de poursuivre leur richesse. C’est à cause de ces mauvais choix de la démocratie qu’il faut attribuer le grand nombre d’hommes vulgaires qui occupent les fonctions publiques.

*De l’arbitraire des magistrats sous l’empire de la démocratie américaine

La posture démocratique nécessite un arbitraire plus grand dans les états despotiques. On notera que les fonctionnaires américains sont plus libres que ceux d’Europe. Dans les républiques démocratiques, une très grande part est attribuée à l’arbitraire. Le prince ne veut pas remettre le sort des fonctionnaires dans les mains du peuple par peur qu’il trahisse son autorité ; le peuple craint que les magistrats, dans la dépendance absolue du prince, ne servent à opprimer la liberté : ainsi ils ne dépendent de personne.

*Instabilité administrative aux Etats-Unis

Les journaux sont les monuments historiques. Mais cette instabilité administrative nuit à l’art de gouverner.

*Des charges publiques sous l’empire de la démocratie américaine

Le vote universel permet de donner le gouvernement de la société aux pauvres.

Les charges publiques de l’état s’accroissent quand la foule commence à réfléchir à sa condition.

*Des instincts de la démocratie américaine dans la fixation du traitement des fonctionnaires

Aux États Unis, c’est le peuple qui fixe le salaire des fonctionnaires (plus le fonctionnaire est haut, plus le salaire est bas). La démocratie donne peu à vivre à ceux qui la gouvernent mais elle dépense pour subvenir aux besoins du peuple.

*Difficulté de discerner les causes qui portent le gouvernement américain à l’économie

Les américains ne dépensent pas l’argent du peuple en fêtes publiques. Ce n’est pas parce que le peuple vote l’impôt, mais parce que le peuple n’aime pas se réjouir. Les habitudes privées se répandent dans la vie publique.

*Peut-on comparer les dépenses publiques des États-Unis à celles de la France ?

L’étendue des charges publiques d’un peuple est composée de sa richesse nationale et de l’impôt. On ne peut pas faire de comparaison entre ces deux états. Notons que le gouvernement démocratique américain n’est pas forcément bon marché.

*De la corruption et des vices des gouvernants dans la démocratie : des effets qui en résultent sur la moralité publique

En aristocratie, ce sont les hommes déjà riches qui cherchent parfois à corrompre : ce vice s’attaque directement la moralité du peuple. Alors qu’en démocratie, ce sont des hommes qui vont faire fortune et qui sont parfois eux-mêmes corrompus : ces vices exercent sur le peuple une influence indirecte, plus redoutable encore.

*De quels efforts la démocratie est capable

L’union n’a lutté qu’une seule fois pour préserver son existence (lors de la guerre d’indépendance). La difficulté d’établir la conscription ou l’inscription maritime rend compliquée l’entrée en guerre.

*Du pouvoir qu’exerce en général la démocratie américaine sur elle-même

La démocratie aux États-Unis consiste à vaincre les passions et faire taire les besoins du moment, en vue de l’avenir dans les moindres choses. Cette démocratie n’atteint la vérité que dans l’expérience. Cette théorie est appelée empirisme. Les Américains ont la faculté de faire des fautes réparables. Pour mettre à profit l’expérience du passé, il faut que la démocratie soit parvenue à un certain degré de civilisation et de lumières.

*De la manière dont la démocratie américaine conduit les affaires extérieures de l’Etat

La Constitution fédérale donne une direction permanente des intérêts extérieurs de la nation dans les mains du président et du Sénat (hors de l’influence directe et quotidienne du peuple). Ainsi, ce n’est pas la démocratie qui conduit les affaires extérieures de l’État.

Pour Tocqueville, l’expérience, les mœurs et l’instruction créent la sagesse de la démocratie créant le bon sens, suffisant à toute société. Presque tous les défauts naturels de la démocratie se font sentir dans la direction des affaires extérieures, et ses qualités y sont peu sensibles.

Chapitre 6 : Quels sont les avantages réels que la société américaine retire du gouvernement de la démocratie

*De la tendance générale des lois sous l’empire de la démocratie américaine. Et de l’instinct de ceux qui les appliquent

Les lois de la démocratie américaine apparaissent comme défectueuses ou incomplètes. Celles-ci tendent au bien du plus grand nombre car elles émanent de la majorité des citoyens (les fonctionnaires publics partagent intérêts de ceux du plus grand nombre).

*De l’esprit public aux Etats-Unis

Aux États Unis, le peuple fait preuve d’un amour instinctif de la patrie : un patriotisme réfléchi. Le fait d’inciter les hommes à s’intéresser au sort de leur patrie permet de les faire participer à leur gouvernement. L’homme du peuple a compris l’influence qu’exerce la prospérité générale sur son bonheur : il la considère dans la fortune publique, la sienne.

*De l’idée des droits aux Etats-Unis

Cette idée est une idée de la vertu dans le monde politique. N’ayant pas de forme de prolétariat aux États Unis, chacun ayant un droit particulier à défendre, reconnait en principe le droit de propriété. Le gouvernement de la démocratie a pour but de faire descendre l’idée des droits politiques à tous les citoyens.

*Du respect pour la loi aux USA

Les Américains témoignent d’un respect particulier envers la loi, chacun ayant un intérêt personnel à augmenter la puissance de la loi.

*Activité qui règne dans toutes les parties du corps politique aux USA influence qu’elle exerce sur la société

Il est plus difficile de concevoir l’activité politique aux États Unis que la liberté ou l’égalité que l’on y rencontre. L’agitation politique que l’on y rencontre se propage dans la société civile.

Chapitre 7 : de l’omnipotence de la majorité aux États Unis et de ses effets

La majorité absolue fait l’essence même de la démocratique apparaissant comme une force naturelle qui émane d’elle. La majorité elle-même délibère sur la place publique constituant un véritable empire moral de la majorité. Il y a plus de lumières et de sagesse dans beaucoup d’hommes réunis que dans un seul. Ce pouvoir de la majorité a besoin de durer pour être légitime. Ce règne absolu de la majorité est notamment renforcé par la souveraineté nationale qui se traduit aux États-Unis par le suffrage universel et l’institution du jury.

*Comment l’omnipotence de la majorité augmente. En Amérique. L’instabilité législative et administrative qui est naturelle aux démocraties

L’instabilité législative constitue un mal inhérent au gouvernement démocratique car la nature de la démocratie est d’amener des nouveaux hommes au pouvoir. En effet, les représentants de la loi changent tous les ans d’où cette instabilité dotée d’un pouvoir sans bornes. Cet effet se reproduit sur l’administration.

*La tyrannie de la majorité

Il n’existe pas de garantie contre la tyrannie. L’opinion publique constitue la majorité et il est de même du corps législatif, du pouvoir exécutif, du jury, de la force publique. En dépit d’une extrême liberté, il n’existe pas de garantie contre cette tyrannie. L’importance de cette majorité dénote, au vu du soin apporté par les partis politiques à l’amadouer au moyen de la presse et des associations politiques : c’est elle, qui domine le législatif en élisant ses représentants.

*Effets de l’omnipotence de la majorité sur l’arbitraire des fonctionnaires publics américains

On distingue l’arbitraire de la tyrannie. La tyrannie peut s’exercer au moyen de la loi même : alors elle n’est pas arbitraire. L’arbitraire peut s’exercer dans l’intérêt des gouvernés et alors il n’est pas tyrannique. De plus, la loi américaine laisse aux fonctionnaires une liberté dans le cercle qu’elle a tracé.

*Du pouvoir qu’exerce la majorité en amérique

La pensée est un pouvoir irrésistible et insaisissable qui s’exerce dans les tyrannies. Ainsi, la pensée révèle cette puissance de la majorité. De facto, quand la majorité s’est fixée sur une question, on ne discute plus car la majorité exerce sa puissance morale sur la pensée. Il n’y a pas de liberté d’esprit aux États Unis car la majorité trace un cercle formidable autour de la pensée. Dans ces considérations, l’écrivain est libre mais malheur à lui s’il ose en sortir. Ce pouvoir renforcé de la majorité entraîne parfois des préceptes sur mesure pour la majorité. Citons l’exemple de la non-réglementation du débit de boisson à Philadelphie, car la majorité buvait beaucoup, comptant davantage sur le temps pour corriger ces pratiques sans les légiférer.

*Effets de la tyrannie de la majorité sur le caractère national des américains : de l’esprit de cour aux Etats unis

On constate une action croissante du despotisme de la majorité. Ces effets de la tyrannie de la majorité se font jusqu’à présent plus sentir sur les mœurs que sur la conduite de la société. La majorité possède un empire si absolu, et si irrésistible, qu’il faut en quelque sorte renoncer à ses droits de citoyens, et s’écarter de sa qualité d’homme, quand on veut s’écarter du chemin qu’elle a tracé. Le patriotisme véritable aux États Unis réside plus dans le peuple que dans ceux qui gouvernent en son nom.

*Que le plus grand danger des républiques américaines vient de l’omnipotence de la majorité

Les gouvernements périssent ordinairement soit par impuissance soit par tyrannie. Dans le 1er cas, le pouvoir leur échappe et dans le 2ème on leur arrache. Ce qui fait périr la nature d’un pouvoir démocratique réside dans l’abus de ses forces et le mauvais emploi de ses ressources (non pas parce qu’il manque de ressources). L’anarchie nait de sa tyrannie ou de son inhabilité mais pas de son impuissance. Dans les républiques démocratiques, le pouvoir qui dirige la société n’est pas stable car il change souvent de main et d’objet.

Chapitre 8 : de ce qui tempère aux États-Unis la tyrannie de la majorité

*Absence de centralisation administrative

Il existe uniquement la centralisation gouvernementale. La majorité nationale n’a pas l’idée de tout faire : elle est obligée de se servir des magistrats de la commune et des comtés pour exécuter ses volontés souveraines. Cela posera les principes de La liberté selon Tocqueville. Celle-ci est maintenue dans l’exécution des lois grâce à une décentralisation du pouvoir administratif, bien que l’initiative législative émane d’un pouvoir gouvernemental centralisé. Il apparaît alors essentiel d’avoir des contre-pouvoirs indépendants représentés par l’exécutif et le judiciaire, bien qu’en réalité le pouvoir exécutif soit soumis au législatif et le judiciaire soit aux mains de la majorité.

*De l’esprit légiste aux États-Unis et comment il sert de contrepoids à la démocratie

Les légistes ont un pouvoir fort, car ils constituent une barrière contre les écarts de la démocratie. Les légistes constituent une classe privilégiée qui forme un corps servant d’arbitre entre les citoyens. Les légistes ont un penchant pour l’ordre et méprise le gouvernement du peuple. Les légistes aiment le gouvernement de la démocratie : il est puissant sur elle et par elle. Le légiste appartient à la fois au peuple et à l’aristocratie : il fait la liaison des deux. Le corps des légistes est le seul élément aristocratique qui peut se mêler à la démocratie. Le légiste constitue l’unique contrepoids de la démocratie et les tribunaux sont des organes dont se servent les légistes pour agir sur la démocratie. Cet esprit légiste s’immisce et s’infiltre dans toutes les classes de la société. Ainsi, les écarts de la démocratie peuvent être limités par la figure du légiste qui fonde sa législation sur ce qui a été fait.

*Du jury aux Etats-Unis considéré comme institution politique

Le jury est à la fois une institution judiciaire et politique mais elle est surtout politique (influençant sur la destinée des sociétés). Elle peut être aristocratique ou démocratique suivant la classe du jury, mais elle revêt toujours un caractère républicain.

Le jury est une conséquence de la souveraineté du peuple et du vote universel, qui sont des moyens puissants de faire régner la majorité. De plus, le jury influence le caractère national. Le jury (civil notamment) donne de l’esprit aux citoyens : il les prépare à être libres. Le jury apprend à ne pas reculer devant la responsabilité de ses propres actes : il livre un combat contre l’égoïsme individuel, véritable rouille des sociétés. Il peut se définir comme une véritable école gratuite ; un moyen efficace d’éducation. C’est dans l’institution du jury civil que les légistes trouvent leurs principales sources de pouvoir.

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